Voilà quelques jours (semaines ?) que je traine mes guêtres crasseuses au beau milieu de cette ville dépotoire... C'est à grand-peine que j'ai réussi à trouver un coin pas trop minable, pas trop dégueulasse où je peux assouvir ma soif constante d'hémoglobine. Car oui, c'est la soif, cette soif intarrissable qui m'a poussé à venir trouver refuge dans cette ville. La soif de sang certes, mais aussi celle de pouvoir.
Le quartier que je squatte est dirigé par deux parrains, qui n'ont pas encore vu en moi une menace. Pourtant, je sais déjà qu'ils ramperont un jour à mes pieds. Tous les petits caïds du coin commencent à me connaitre et à regretter le bon vieux temps où je n'empiétais pas sur leur zone. Trop tard, "la peste" comme ils me surnomment est arrivée, et avec elle, son lot de morts. Et elle n'est pas près de partir. Le coin a beau être minable, "la peste" se plait au milieu de la vermine.
Parmi tous ces dégénérés, ces paumés, ces moins que rien, une rencontre... à nulle autre pareille. Une amitié naissante, un regard compatissant de la part d'une personne bien plus aguerrie à la survie dans cette ville que moi. Mélanthe, mon âme soeur, ma protectrice, qui ne tarde pas à me proposer de rejoindre sa "famille". Encore faudrait-il que la "famille" le veuille... Pourquoi ne pas simplement leur demander ?